lundi 16 novembre 2015

Lola n'est plus là

Le jour d'après. Lola n'est plus là, parmi les vivants.
Elle a été froidement et aveuglément assassinée au Bataclan.

Je connaissais Lola, j'ai travaillé avec elle par deux fois déjà et j'espérais qu'il y en aurait d'autres. Parce que c'était drôlement chouette de bosser avec Lola. C'était une éditrice enjouée mais consciencieuse, déterminée mais ouverte d'esprit – elle n'a jamais réprimé mon humour potache, et Dieu sait (ah non tiens, Dieu on va le laisser de côté cette fois-ci, il n'a rien à voir avec ça) que je peux avoir dés idées idiotes – toujours dans l'idée du bel ouvrage bien fait.

Mais surtout, elle souriait tout le temps, Lola. Quand se tenait un Salon du livre et que je faisais le tour des stands pour y piquer dans l'assiette des éditeurs ou soudoyer un préposé au champagne, je cherchais toujours à la croiser chez Gründ, à la présenter à celles et ceux qui m'accompagnaient. Y a des gens, on a envie de les faire connaître, Lola était de ceux-là.
On la trouvait toujours enthousiaste, debout, flanquée d'un copain, d'une éditrice, d'un auteur ou d'une illustratrice.

Avec Lola, on se tutoyait et on osait la bise, comme souvent dans le milieu de l'édition mais c'était naturel et sincère avec elle. Lola vous simplifiait la vie, elle était fidèle.


Son visage tourne en boucle dans ma tête depuis samedi, je peine à parler d'elle au passé,
je peine à imaginer ses collègues devant affronter un fauteuil vide ce matin, ses amis du Roller Derby la Boucherie de Paris à gagner sans elle, je peine à imaginer la douleur de sa famille.

Pour elle et tous les autres, décédés, blessés, traumatisés, touchés, j'irai chercher Lola
au Salon du livre de Montreuil et je lèverai mon verre plein de champagne le 6 décembre, le jour où elle aurait dû avoir 29 ans.